Madame la Présidente de la Métropole,
Depuis le 20 janvier 2019, avec l’ensemble des acteurs engagés dans la prévention des risques sanitaires et sociaux, nous avons lancé un appel national pour la création d’un registre des malformations congénitales et des cancers.
Dans les Bouches-du-Rhône, nous sommes particulièrement exposés aux pollutions atmosphériques, avec la présence sur notre territoire de 118 sites pollués. Près de 56 000 personnes sont exposées au dépassement des valeurs limites de polluants réglementés.
Une étude parue en février 2018 a d’ailleurs révélé une augmentation de 15,8% d’asthme chez les adultes de Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis-du-Rhône, et 12% de cancers supplémentaires par rapport au reste du département.
Le cas des trois filles victimes d’« agénésie des membres supérieurs », nées entre juin et novembre 2016, dans un rayon de trente kilomètres autour de l’étang de Berre, en zone polluée, à Vitrolles, Septèmes-les-Vallons et Gignac-la-Nerthe, ne doit pas nous laisser indifférent.
En tant que responsables et décideurs politiques, nous avons le devoir, au-delà de réagir, d’agir concrètement pour éviter que ce genre de situations ne se multiplie.
Malheureusement, nous en sommes encore loin. En effet, nous ne disposons pas, à l’heure actuelle, des données de malformations sur le département des Bouches-du-Rhône, permettant d’identifier les risques en matière de santé environnementale.
Faute de registre de surveillance des anomalies congénitales dans les Bouches-du-Rhône, c’est la cellule de l’Institut de veille sanitaire en régions (Cire) de Marseille qui traite ce « dossier ».
Force est de constater, Madame la Présidente, que notre territoire prend aujourd’hui du retard, alors que d’autres ont d’ores-et-déjà mis en place ce registre. Les cas d’agénésie transverse des membres supérieurs (ATMS) représentent tout de même 1 naissance sur 10 000 en France, alors que seulement 20% du territoire est couvert par un tel registre.
Permettez-moi, Madame la Présidente, de vous demander de faire étudier par les services de la métropole la possibilité de créer un registre métropolitain des malformations congénitales et des cancers.
Près d’un quart des Maires et Conseils métropolitains d’Aix-Marseille-Provence se sont déjà prononcés pour la création de ce registre.
Il représente la meilleure solution pour collecter et enregistrer les données sur une unique base, afin d’identifier d’éventuels clusters autour de points noirs environnementaux, présents sur le territoire routier, industriel, agricole et portuaire.
Il nous permettra de géolocaliser les maladies et malformations pour déterminer si elles ont un lien avec la pollution.
Nous répondrons aux recommandations du Plan National Santé Environnement, préconisant le développement d’outils de mesure des expositions environnementales – pollution atmosphérique, perturbateurs endocriniens, solvants, métaux lourds, pesticides, champs électromagnétiques –.
Nous pourrons enfin construire une politique préventive, en accompagnant l’évaluation des risques sanitaires.
Madame la Présidente, pouvez-vous aujourd’hui vous prononcer, devant cet hémicycle, pour la création d’un registre des malformations congénitales et des cancers ?
Ce registre représente pour nous la réponse la plus adaptée à la prévention des risques d’exposition aux polluants atmosphériques. Il est indispensable pour surveiller l’état de santé de l’ensemble de la population métropolitaine.
Annie Levy-Mozziconacci